Ce n'est probablement pas Socrate qui a dit : "Pour faire du bon travail tout seul, il faut s’adresser à quelqu'un d'autre" mais il n’empêche que c'est absolument vrai. 
Prenons le cas concret de Ruben Block: super-talent et rock star en Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays voisins, il est d’abord et avant tout le chanteur et guitariste dévoué du phénomène rock Triggerfinger.
Mais afin de s’accomplir parfaitement, un album solo le démangeait. Il s’est donc adressé à un géant: Mitchell Froom, américain, producteur et complice de Crowded House, Elvis Costello, Suzanne Vega, Paul McCartney, Los Lobos, Sheryl Crow et - aussi ! - de Triggerfinger. 

C’est à l'époque ou Mitchell Froom était membre des The Latin Playboys, groupe occasionnel composé de membres de Los Lobos, que Ruben s’est pris de passion pour ce créateur d'un rock à la fois expérimental et traditionnel, marqué au fer rouge des grands espaces, une source d’inspiration essentielle pour l’Anversois. 

Ruben avait trouvé dans Mitchell le sparring-partner idéal pour se lancer dans l’aventure solo, aventure qui voulait introspective, sombre mais aussi fantaisiste. 

La musique de cet album est truffée de riffs aux sonorités quasi cubistes rehaussées de petits hooks vocaux au service de paroles dans lesquelles la lumière et l'obscurité se prennent par la main pour entamer une danse étrange.
 
Cette combinaison de noirceur et d’allégresse a été joliment décrite par Froom comme "The Ruben instinct to keep the worry out of it ».  Pour les deux comparses, il était indispensable que la joie demeure, même dans les titres les plus sombres

Cet album imparable rassemble toutes les influences glanées au fil d’une carrière riche et passionnante.  Chacun chanson révèle son identité dans chaque détail, chaque arrangement, couche après couche, remise inlassablement sur le métier.

De la beauté, de l’instinct, des influences subtiles et malgré tout de la puissance et de l’énergie, c’est Ruben Block quand même!